- Une interprétation impressionnante par une jeune actrice à suivre de près
- Une peinture réaliste des jeunes urbains précaires aujourd’hui et de leur univers mental
- Un personnage complexe, victime avec ses zones d’ombre
Meili est une petite production indépendante très classique par certains aspects. Tourné en une dizaine de jours avec un budget minuscule par un réalisateur débutant, le film a visuellement un côté très brut, presque amateur. La caméra suit le protagoniste principal, une jeune femme nommée Meili, à travers le paysage grisâtre et étriqué de Changchun, grande ville industrielle du nord de la Chine.
Meili incarne la classe des jeunes urbains précaires de la génération “post-90”, avec leur lot d’angoisses et d’aspirations. Tout dans sa façon d’être et de s’exprimer, extrêmement naturelle, facilite cette identification, jusqu’à certains détails comme son utilisation de carte de crédit qui est un vrai marqueur générationnel aujourd’hui en Chine.
Un premier rôle très prometteur
Le film repose tout entier sur la performance de l’actrice principale CHI Yun, qui est la vraie révélation du film. CHI Yun habite littéralement le film de bout en bout, son interprétation à fleur de peau est le centre de l’attention de quasiment chaque plan. Passant par toute une palette d’émotions sans jamais faiblir ni sortir du personnage, elle prouve avec Meili qu’elle est une actrice qu’il faudra garder à l’œil à l’avenir.
ZHOU Zhou de son côté semble être parfaitement conscient qu’il tient avec elle la force principale de son film, et traque chacune de ses émotions plan après plan. Il ne laisse que peu de place aux seconds rôles largement relégués à l’arrière-plan et relativement peu développés, ce qui appauvrit un peu le film mais n’est pas forcément une mauvaise chose tant la performance des autres acteurs pâlit à côté de celle de CHI Yun.
Un personnage complexe et emblématique
Visuellement, cette focalisation sur le personnage principal crée un sentiment d’isolement et de solitude qui sert également le propos du film. La tragédie de Meili est en grande partie qu’elle ne peut s’appuyer sur personne, ni famille ni amis. Mais sa deuxième tragédie est son incapacité à exprimer ses émotions autrement que par des crises de colère ou de tristesse autodestructrices, jusqu’au drame final du dernier plan.
Le scénario est co-écrit par ZHOU Zhou, le réalisateur, et CHI Yun, qui a sans doute beaucoup contribué à en faire un personnage complexe avec un background douloureux et (heureusement) peu courant, mais aussi par certains aspects emblématique de toute une catégorie de jeunes Chinois.
Meili n’est pas seulement une victime des hommes et de la société. Elle l’est bien sûr dans une certaine mesure, mais le film ne l’épargne pas non plus et ne cherche pas à masquer la face obscure de son personnage. Extrêmement dérangeante à ce point de vue est la véritable haine furieuse dont elle accable sa propre fille Nana. Élevée par la grande sœur de Meili, on comprend qu’elle est née d’un viol commis par son beau-frère bien que cela ne soit jamais explicite.
Toutes les infos sur l’événement Facebook.
NB/ Zhou Zhou n’est pas un réalisateur mais une réalisatrice
Zhou Zhou est bien un homme : https://movie.douban.com/celebrity/1397989/
L’actrice principale Chi Yun est aussi co-scénariste.