Pour cette quatrième édition, la sélection compte de nombreux nouveaux noms, et quelques-uns qui sembleront peut-être familiers aux plus cinéphiles. La créativité des auteurs ne se dément pas cette année, et chacun essaie à sa façon d’apporter quelque chose de nouveau.
Le film d’ouverture de cette année est Striding into the Wind de Wei Shujun, une histoire attachante qui mélange récit d’initiation et satire bon enfant du monde des professionnels du cinéma en Chine, sur un ton spirituel et léger. Dans un genre plus théâtral, le réalisateur Li Hongqi, connu des spectateurs de notre première édition grâce à son précédent film Hooly bible II, revient avec The The, délire surréaliste en espace clos et plans fixes. Dans The Cloud in Her Room, Zheng Lu Xinyuan utilise le noir et blanc pour transmettre un point de vue féminin et onirique sur la ville de Hangzhou.
Les thèmes réalistes ne sont toutefois pas en reste, Drifting de Li Jun qui clôture cette édition s’appuie sur des événements réels et tourne son objectif vers le bas de la société hongkongaise. Dans MAMA, premier long métrage de Li Dongmei, sous la surface trompeuse de la vie paisible d’une famille rurale, mise en valeur par une superbe photographie, la tragédie n’est jamais loin.
Côté documentaire, The Choice de Gu Xue prend le parti de restituer un dialogue familial en un long plan séquence ininterrompu. L’imbrication des thèmes de la vie familiale et de la mort montre une fois de plus l’importance des thèmes familiaux. Approche radicalement différente dans I’m so Sorry, documentaire sur les problèmes environnementaux dans lequel Zhao Liang adopte une perspective large, internationale, pour examiner le dilemme que pose le nucléaire à l’humanité.
Simple hasard ou signe que nous sommes profondément entrés dans l’ère de la post-vérité ? Cette année deux films inclassables jouent à fond sur la limite entre fiction et réalité. La nouvelle œuvre de Zhou Shengwei Art Is Dead est un “documenteur” à l’humour noir grinçant. L’auteur de SHe, film d’animation excentrique qui avait retenu l’attention des spectateurs de la deuxième édition du festival, signe à nouveau un film hors-norme, reportage sur la mort d’un artiste contemporain. Zhou Shengwei produit une réflexion autour du pouvoir des média et des représentations à l’ère du direct permanent sur internet.
Da Peng présente cette année The Reunions, long métrage qui développe son court précédent A Final Reunion. Il ne s’agit pas seulement d’une rébellion contre sa zone de confort créatif, la comédie commerciale, mais aussi d’une tentative d’explorer la réalité de sa propre famille dans un film ni vraiment documentaire, ni vraiment fiction.
Ce ne sont pas seulement les limites des genres qui sont brisées, mais aussi les frontières du temps et de l’espace et à plus forte raison les frontières nationales. Parmi les courts métrages, YANG Chenghua utilise des lignes animées pour décrire les émotions de la jeune fille qui doute d’elle-même dans Je me gratte. Une équipe d’étudiants des Gobelins représente avec talent l’étroitesse étouffante des espaces urbains dans Coffin. Guo Dongxun narre la rencontre ambiguë de deux femmes au Japon dans No Entry. One Thousand and One Attempts to Be an Ocean de WANG Yuyan, qui a figuré parmi les courts métrages en compétition de la Berlinale au début de l’année, est une vidéo expérimentale audacieuse avec un fort impact visuel. Quant à Absence de WU Lang, drame atmosphérique court mais d’envergure, il a été sélectionné en compétition dans le Festival de Cannes cette année.
Enfin Luka Yuanyuan YANG nous offre une série de documentaires “Stories of Chinatown” sur le thème du Chinatown de San Francisco : la période faste du Chinatown représentée par les go-go dancers, et l’âge d’or des night-clubs chinois.
Il est intéressant de noter que trois des courts métrages mentionnés ci-dessus ont été créés en France, et que parmi les autres les auteurs ont assimilé leur environnement à leur démarche créative, en l’occurrence le Japon ou les États-Unis. Il n’est pas difficile de constater que les jeunes créateurs ne se cantonnent plus à une tendance collective et à un seul contexte culturel. Il leur est devenu naturel de se nourrir en tant qu’artiste au-delà des frontières, et leur point de départ créatif est conscient de cela.
Bonjour,
Très contente de vous revoir. Ce festival promet de belles projections.
J’ai un peu de mal avec internet … quand sera disponible le programme papier dans l’un des 2 lieux du festival et peut-on faire les réservations dans ces mêmes lieus dès maintenant ?
Je vous remercie
Michèle GERARD